Officiel

Lettre pastorale pour l’année 2002-2003

 
 

L'Eglise en Alsace n° 11 - Novembre 2002

 

- L'importance de la présente "Lettre" n'échappera à personne. Rédigée en début d'Année pastorale pour des raisons qui apparaîtront évidentes à la lecture, elle ne sera suivie d'aucune autre en 2002-2003.

Et donc, contrairement à l'habitude, il n'aura pas de " Lettre pastorale de Carême " l'an prochain.

- Exceptionnellement mais significativement, le texte est, cette fois, signé non seulement de moi-même mais de l'ensemble du Conseil épiscopal, qui l'a de fait soigneusement discuté puis adopté.

- Je remercie Monseigneur Kratz, mon auxiliaire, ainsi que Mgr J. Gaschy et Mgr J. Musser, les deux Vicaires généraux, de l'avoir préparé - et plus particulièrement le premier qui, à quelques retouches de détail près, en a aussi mis au point la rédaction définitive.

La nouvelle année de travail est déjà largement entamée ; il est bon cependant de nous forger, en cette période de Réaménagement pastoral, un certain nombre de convictions, et de nous donner des repères communs pour avancer ensemble sur les chemins de la mission. Dans un premier temps, nous indiquerons quelques orientations balisant la réflexion quant à la zone pastorale et aux communautés de paroisses ; dans un deuxième temps, nous donnerons quelques directives concernant la pastorale sacramentelle et catéchétique ; enfin, dans une dernière partie, nous évoquerons brièvement quelques chantiers qui mobilisent la communauté diocésaine.

I. Orientations

Ces orientations viennent s'inscrire dans la vie habituelle de l'Église, une Église qui a pour tâche d'être signe et sacrement du salut au cœur du monde. Elles se proposent d'aider notre Église diocésaine dans sa mission : vivre de l'Évangile et le présenter au plus grand nombre possible ; enraciner les communautés chrétiennes dans l'Eucharistie, les sacrements et la prière ; être au service de l'humanité et spécialement de ceux qui sont exclus, rejetés ou dans le besoin. En d'autres termes, la grande priorité reste le travail habituel. C'est au cœur de celui-ci que nous pourrons être plus spécialement attentifs aux points qui suivent.

1. Développer la vitalité des zones pastorales.

Le travail de concertation, de réflexion, de confrontation a été conclu par les statuts mis au point à l'Assemblée pré-synodale de Matzenheim et promulgués officiellement en avril 2001. Cette vitalité peut se mettre en œuvre surtout dans quatre domaines :

- Progresser dans l'attention à la vie. Il nous faut accueillir ce qui est en train de changer en profondeur, afin de discerner les signes et les chances que l'Esprit désigne à notre attention et à notre foi. Cette recherche est à faire avec les membres des Conseils de zone et des Conseils pastoraux des communautés de paroisses ou des paroisses. Malgré l'important travail d'organisation qu'il nous faut mener à bien, nous ne pouvons nous dispenser de regarder les réalités de notre monde avec un regard de croyant : l'Esprit nous précède et nous guide dans la mission. Cette démarche aidera toutes les instances ecclésiales à se donner des priorités concrètes au plan de l'annonce de l'Évangile.

- Progresser dans l'animation des jeunes. Il importe de mettre en place dans toutes les zones un coordinateur ou un animateur de la pastorale des jeunes. Celui-ci veillera à soutenir et à favoriser les Mouvements et autres réalités ecclésiales qui existent dans la zone pastorale, et prendra des initiatives pour qu'une vie d'Église soit proposée aux jeunes. D'ores et déjà nous voulons cibler le grand rassemblement des J.M.J. de Cologne en 2005. Nous y souhaitons une présence significative du diocèse d'Alsace ; nous préciserons progressivement les étapes à mettre en œuvre pour que ce temps fort touche et mobilise un maximum de jeunes et de responsables.

- Progresser dans la solidarité, spécialement avec les démunis. Cette orientation proposée à la fois par le Conseil Diocésain de la Pastorale et le Conseil du Presbyterium il y a quelques années déjà, reste d'actualité, et la nouvelle structure de la zone pastorale pourra être un lieu d'attention aux blessés de notre société ainsi qu'un espace d'action et d'initiatives en faveur de tous les exclus de chez nous et d'ailleurs.

- Progresser dans l'effort de formation. Il est essentiel que des propositions soient faites à ceux et celles qui exercent des responsabilités dans la pastorale diocésaine. En effet, il n'est pas concevable de confier une mission à quelqu'un sans lui offrir en même temps les moyens et qualifications pour l'accomplir. Différents types de formations sont à la disposition des personnes concernées :

1. des formations locales à l'initiative des zones pastorales ;

2. des formations plus spécialisées proposées par les Services diocésains ;

3. des formations diocésaines, comme le Cycle d'initiation Théologique;

4. des formations universitaires, comme le Certificat d'Aptitude pour l'Enseignement Religieux (CAPER), le nouveau Diplôme Universitaire de Formation à l'Animation Pastorale (DUFAP) ou encore le DEUG et la licence en théologie.

Des initiatives sont aussi à prendre pour permettre au plus grand nombre de chrétiens d'approfondir et de partager la foi. Le nouveau hors série de la revue diocésaine Carrefours d'Alsace intitulé "Le plaisir de croire " apportera une aide précieuse en ce sens, au cours de cette année.

2. Réfléchir à l'organisation de l'Église en proximité

Le message aux catholiques d'Alsace lu dans les paroisses le 13 octobre dernier nous l'a rappelé : nous sommes entrés dans la deuxième étape de notre Réaménagement pastoral. Les Assemblées de doyennés de novembre, les rencontres des Conseils de zone en janvier ont pour but de préciser dans quel sens nous voulons aller pour que la vie d'Église soit le plus proche possible de la vie des gens. La discussion du projet de statuts rédigé par l'équipe de pilotage diocésaine constituera une aide appréciable sur ce point. Il s'agira localement de :

- clarifier comment peut se concevoir l'animation de la vie d'Église au quotidien, avec les relais " de proximité " indispensables dans les différentes paroisses ;

- préciser les contours des communautés de paroisses, le contenu de leurs attributions et les personnes à appeler pour la mission ;

- se forger des convictions et se donner des moyens pour éveiller et appeler des baptisés à prendre leur part de la vie et de la mission de l'Église ;

- penser la formation nécessaire pour que les animateurs et les responsables puissent bien assumer la charge qu'ils ont acceptée : des initiatives seront à prendre en lien avec chaque Conseil de zone.

3. Coresponsabilité, ministères ordonnés, ministères laïcs

L'expérience de la " Coresponsabilité " marque heureusement l'Église depuis le Concile Vatican II il importe de bien la vivre chez nous, particulièrement en ces temps de réaménagement pastoral. Un rappel important : tous les baptisés sont égaux en dignité, tous sont invités à prendre leur part dans la vie et la mission de l'Église ; mais tous ne font pas la même chose et ne remplissent pas les mêmes fonctions.

L'Église catholique est fondée sur le ministère apostolique, elle est structurée aujourd'hui par celui des évêques, des prêtres et des diacres. Chacun exerce à son niveau, au nom du Christ, une responsabilité propre : l'évêque et les prêtres qui lui sont associés sont chargés d'annoncer la Parole, de célébrer les sacrements (en particulier l'eucharistie), de rassembler et de conduire le peuple de Dieu qui leur est confié ; les diacres, signes du Christ Serviteur, s'investissent dans les différentes diaconies et rappellent à tous que l'Église n'est fidèle à Jésus que dans la mesure où elle est et se fait servante de l'humanité aimée de Dieu.

À côté des ministères ordonnés, il y a des ministères laïcs exercés par des hommes et des femmes engagés dans une mission essentielle à la vie de l'Église, ayant les aptitudes et la formation requises, appelés et envoyés par l'évêque pour un temps significatif. Ils collaborent avec les ministres ordonnés et suscitent avec eux les nombreux bénévoles dont la communauté a besoin pour vivre et témoigner de l'Évangile.

Entre chrétiens différemment situés dans la responsabilité ecclésiale, il n'y a pas concurrence ou rivalité, mais complémentarité. " Chacun selon la grâce reçue, mettez-vous au service les uns des autres, comme de bons intendants d'une multiple grâce de Dieu " (1 P 4,10). Cette année nous permettra de mieux situer et articuler dans leur exercice les différents ministères.

II. Rappels et directives

Le Réaménagement pastoral représente certes une entreprise majeure pour notre diocèse, et beaucoup d'énergie est investie pour en assurer la réussite. Néanmoins, d'autres projets sont en cours, portés par les différents Services et Mouvements du diocèse. Dans tous les domaines, il est important de bien communiquer, d'avancer ensemble en cohérence et en solidarité. C'est pourquoi, nous souhaitons préciser un certain nombre de points dans des domaines aussi importants que les sacrements, la liturgie et la catéchèse. Nous n'aborderons pas ici la question du sacrement de pénitence, puisqu'une communication sera faite à son sujet au début de décembre.

1. Sacrements / Liturgie

a) Baptême :

Nous tenons à rappeler que tout baptême doit être correctement préparé avec les parents de l'enfant. Cette préparation peut être faite individuellement ou en groupe. Après l'âge de trois ans, il est souhaitable de différer, et de s'orienter vers un baptême pour " enfants en âge de scolarité ". Il est demandé que, dans toutes les communautés de paroisses, soient progressivement constituées des équipes de préparation au baptême, afin de montrer clairement la dimension ecclésiale du sacrement. Dans tous les cas, il convient à la fois de rappeler le sérieux de l'engagement baptismal et de manifester l'accueil de l'Église à tous ceux qui viennent la solliciter. Le Service diocésain de liturgie a proposé des réflexions et un document auxquels on pourra utilement se référer.

b) Mariage :

L'accueil et l'accompagnement des futurs époux méritent une attention particulière. Il est hautement souhaitable que le prêtre ou le diacre ne soit pas seul à assurer leur préparation ; il est bon que des couples engagés et formés les rencontrent et leur apportent leur témoignage. La proposition de participer aux sessions des C. P. M. (Centre de Préparation au Mariage) devrait être faite systématiquement.

La décision de célébrer ou non l'eucharistie lors du mariage est à prendre au cas par cas, après un vrai dialogue avec les futurs époux, Enfin, il est normal que soit posée la question du sacrement de la réconciliation, ainsi que celle du sacrement de la confirmation, si cette dernière n'a pas eu lieu lors de la préparation au mariage.

Dans notre diocèse il y a un certain nombre de foyers mixtes. Nous rappelons que des directives ont déjà été données à leur sujet ; nous invitons à s'y référer autant pour la préparation que pour l'accompagnement des futurs époux - Cf. L'Église en Alsace du 1/10/1984. (Des tirés-à-part sont disponibles à l'archevêché.)

Des initiatives sont à prendre quant à " l'après-mariage ", pour garder le contact avec les mariés et les inviter à trouver leur place dans la communauté chrétienne.

c) Funérailles :

Bien des questions se posent autour de la mort : incinération, funérarium, cimetière. Le Service diocésain de liturgie est en train de travailler ces différentes questions dans le but d'établir un document de référence.

Dès à présent, il est important que la communauté chrétienne soit davantage partie prenante de la pastorale des funérailles. Cela demande que le prêtre ne soit pas seul pour l'accueil et l'accompagnement des personnes marquées par le deuil, pour la préparation de la célébration et dans le service liturgique lui-même. Cela demande que des laïcs soient appelés à se former dans ce domaine, formation qui peut conduire à l'exercice d'un vrai ministère laïc.

2. Catéchèse

a) À l’école élémentaire :

Dans les classes primaires, les ouvrages de la Collection " Terres de Promesse " publiés par le Service diocésain de la catéchèse, constituent désormais les documents de référence et sont à mettre en œuvre dans toutes les écoles, sauf exception. Si, pour de justes raisons, d'autres programmes sont utilisés (en particulier dans le cas d'une catéchèse œcuménique), il est demandé d'en référer au Vicaire épiscopal et d'obtenir son accord.

b) En paroisse :

• Premier pardon, première communion :

Le Service de la catéchèse fait deux propositions que nous recommandons : Brise-Chagrins pour le sacrement du pardon et Secrets de vie pour le sacrement de l'eucharistie. La mise en œuvre de ces parcours suppose une formation assurée par le Service diocésain, et un travail habituel entre catéchistes. La préparation à ces deux sacrements se déploie normalement sur deux années scolaires.

Par ailleurs, les fiches du GREPO rédigées par des prêtres de notre diocèse constituent depuis longtemps des documents largement utilisés, en particulier dans les milieux populaires. Elles pourront continuer à rendre service, là où l'équipe pastorale en fera le choix.

• Pastorale des jeunes :

À côté des Aumôneries et des Mouvements, la pastorale des jeunes comporte deux temps forts qui sont vécus par de nombreux garçons et filles : la Profession de foi et la Confirmation. Ces deux moments de l'initiation chrétienne ne constituent pas un " en soi " mais doivent s'inscrire dans une proposition plus large où les jeunes apprennent à réfléchir leur foi, à la célébrer et à la partager. Pour cela, il est nécessaire de leur permettre de faire une véritable expérience de Jésus-Christ et de la vie en Église, en particulier à travers la participation à des Mouvements et aux initiatives de la pastorale des jeunes (rassemblements, pèlerinages à Lourdes, J. M. J....).

Nous encourageons la proposition de la Confirmation après la Profession de foi, à partir de 15 ans. La préparation en équipes de jeunes durera au minimum un an. Nous souhaitons que le nombre de confirmés lors d'une célébration se situe à un niveau raisonnable, entre vingt et quarante jeunes ; des regroupements par communautés de paroisses ou en doyenné peuvent s'avérer nécessaires. Dans les semaines qui précèdent la Confirmation, le confirmateur désire généralement rencontrer les jeunes et recevoir de chacun une lettre personnelle de motivation.

Enfin, nous insistons pour que les jeunes qui se préparent à la Profession de foi ou à la Confirmation soient inscrits en cours de religion au collège.

III. Chantiers

Après avoir précisé les grandes orientations en lien avec le Réaménagement pastoral, après avoir donné quelques directives dans les domaines sacramentel, liturgique et catéchétique, nous voudrions terminer en rappelant trois projets qui nous tiennent également à cœur:

1. La communication et l'information sont appelées à se développer au sein de l'Église autant que vers le grand public : l'écrit, l'audio, internet, l'image se complètent au service de la vitalité de l'Église et de sa mission dans le monde. Alsace-Média va continuer son travail de communication et élargir son activité aux besoins des nouvelles zones pastorales ; un nouveau responsable vidéo a été embauché pour développer, avec son équipe, une présence d'Église à la télévision et à travers des cassettes de formation et des cassettes pastorales.

2. La Maison du diocèse d'Alsace représente un signe à poser, à préparer, à réaliser ensemble pour dire l'Église que nous voulons ! Les fonctions vitales de l'Église, organisées en pôles de partenariat interdépendants pour le service de tous, témoignent de la place de chacun au sein du tissu ecclésial diocésain. Cette Maison devra assurer de nombreux services de qualité pour le diocèse. Elle devra aussi faciliter une communication au sein de l'Église comme avec le grand public.

3. Un budget diocésain équilibré, élaboré et maîtrisé dans l'esprit des Orientations. La base de calcul pour 2003 sera l'année 2001. Une réflexion et des propositions par pôle de partenariat entre Mouvements, entre Services, avec les trésoriers des zones pastorales, donneront des éléments pour une bonne maîtrise de nos besoins, de nos possibilités et de nos projets. Une bonne gestion dans l'Église s'exprime aussi par la fidélité à un esprit de pauvreté Imaginatif.

* * *

Nous sommes conscients que la mise en œuvre du Réaménagement pastoral et les propositions concernant la catéchèse et la pastorale sacramentelle obligent à sortir d'habitudes parfois bien ancrées et à réfléchir, à frais nouveaux, à la manière dont nous voulons proposer l'Évangile au monde d'aujourd'hui. Ce vaste effort d'adaptation, de renouvellement et d'approfondissement serait vain s'il n'était sous-tendu par le choix plus conscient de mettre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ au centre de nos vies.

Ce qui nous est demandé, c'est la conversion de nos esprits et de nos cœurs pour que l'œuvre de Dieu puisse s'accomplir en nous et à travers nous.

Ce qui nous est demandé, c'est de croire davantage au trésor que nous portons certes dans des vases d'argile, mais dont il nous faut témoigner personnellement et ensemble.

Ce qui nous est demandé, c'est de renaître sans cesse à l'éternelle jeunesse de l'amour de Dieu, qui veut se révéler et se donner à travers nous.

+ Joseph DORÉ
Archevêque de Strasbourg
et l'ensemble du Conseil Épiscopal

N.B. Il est toujours utile de revenir à :

L'Église en Alsace. " Propositions pastorales ", juillet/août 1999, p. 1-11.

Carrefours d'Alsace. " Église aux Milles Visages ", septembre 1999, p. 4-6.

Carrefours d'Alsace. " Vers une Église pour aujourd'hui ", septembre 2000, p. 4-6.

 
     
-------------------------------------------------------------------------------------
Assises de la Confirmation - Eglise catholique d'Alsace