Il y a un an, le 22 mai 2004, j’ai reçu le sacrement de la confirmation. Pour moi, c’était l’aboutissement de ce que nous avions vécu pendant tous ces mois de préparation : des temps de partage et de réflexion autour d’un texte d’évangile ou d’un thème, où chacun avait la parole, pouvait exprimer ses convictions, ses questions ou ses doutes ; des temps de rencontre avec des témoins, jeunes ou adultes, qui témoignaient de la présence de Dieu dans leur vie quotidienne ou professionnelle, ou dans leurs engagements ; des temps de prière aussi.
J’avais été touchée et impressionnée par le témoignage d’un groupe de confirmés qui nous avaient partagé leurs actions de solidarité avec des jeunes du Brésil. Comprendre la réalité difficile de ces jeunes du Brésil, réfléchir aux inégalités et en même temps découvrir que partout à travers le monde des gens se mettent debout pour que les conditions humaines s’améliorent ; trouver dans l’évangile des invitations au partage et un appel à me faire proche de celui qui souffre… Tout cela m’a très vite mobilisée.
Un autre moment important dans cette préparation avait été les trois jours de retraite à l’abbaye d’Acey : rencontrer ces moines qui ont choisi de vivre de la prière, sentir et voir qu’ils vivaient pleinement et…heureux, alors que je ne comprenais pas ce qui me semblait être « gâcher leur vie » . Et j’ai pu prier, vraiment prier…
J’y ai vécu aussi le sacrement de réconciliation, une rencontre personnelle avec un moine ; j’ai pu parler, me libérer en toute confiance, comme si je parlais à Dieu. C’est comme si je sentais la tendresse de Dieu pour moi à travers ce moine…
Cette retraite a été pour moi un tournant : j’étais davantage sûre de vouloir demander la confirmation, c’était bien plus clair en moi .
Depuis ma confirmation, je continue à m’engager dans le groupe de solidarité ; nous sommes une vingtaine de jeunes, confirmés et confirmands, à nous retrouver tous les quinze jours pour mener à bien notre nouveau projet : nous sommes entrés en solidarité avec la population d’une mission des Pères Spiritains, en Angola, pour leur permettre d’acheter et d’installer un générateur électrique nécessaire à des projets sociaux d’éducation et de santé. Nous avons mené de nombreuses actions, cherché et trouvé des partenaires et sensibilisé beaucoup de personnes. Les gens et spécialement mes copains du lycée se sentent souvent impuissants devant l’injustice. Dans le groupe de solidarité, nous avons compris qu’à plusieurs et bien déterminés, nous pouvons avoir du poids, alors lorsqu’on me dit : « ça ne changera rien ! », je réponds : « Mais si ! ça va changer la vie quotidienne des gens de plusieurs villages ! » Et souvent j’entends : « T’as peut-être raison… »
La colère que j’ai en moi devant l’injustice, je la transforme en m’engageant dans ce groupe qui nous permet de continuer à réfléchir, à prendre des responsabilités et à nous sentir solidaires entre nous aussi. Je me bouge pour faire changer et montrer aux autres qu’on peut faire changer !
J’ai vécu Pâques à Taizé cette année, et là j’ai retrouvé la force de la prière, en même temps ensemble par le nombre de jeunes et les chants, et plus personnelle dans les longs moments de silence. J’ai ressenti la présence de Dieu à travers les autres tout au long du séjour, et depuis le retour, j’ai rejoint un groupe de jeunes qui se retrouve une fois par mois pour prier et partager autour d’un Evangile ou d’un thème.
Aujourd’hui, pour moi, c’est un besoin : je ne peux plus « faire » sans prier, partager et réfléchir, et m’engager pour plus de solidarité.
L’Evangile de la confirmation disait : « Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde. »
C’est ainsi que j’essaie de le vivre aujourd’hui, avec mes amis et les confirmands à qui nous voulons passer le relais.
Père, confirmez-nous dans cette vie de l’Esprit ! |