Confirmation et vocations
 
 

L'Eglise en Alsace n°5 - Mai 1994

Entre Pâques et Pentecôte, les paroisses connaissent les temps forts que constituent la Profession de foi, la Confirmation et la Première Communion. Il me semble que la préparation à ces différentes étapes de l'existence chrétienne peut devenir un moment privilégié pour ouvrir les enfants et les jeunes à la question des vocations spécifiques. Arrêtons-nous quelques instants au sacrement de la Confirmation.

Pour sensibiliser à la diversité des choix possibles à partir de l'unique vocation baptismale, il ne suffit pas que l'évêque ou le vicaire épiscopal évoque la question dans son homélie. Il faut travailler "en amont" : avec conviction, en informant, en interpellant.

1) Avec conviction

Pendant la période de préparation, un des soucis essentiels de l'accompagnateur(trice) sera de faire préciser aux confirmands comment ils comptent vivre en chrétiens. "Que veux-tu faire de ta vie ? Qu'est-ce qui est important pour toi ? En tant que baptisé/confirmé, comment envisages-tu de vivre de l'Évangile et de le partager ? Quels moyens vas-tu te donner pour concrétiser ta recherche ?"

Ces questions méritent une grande attention et demandent à être abordées à la fois avec délicatesse (pour ne rien brusquer, ne rien "casser") et avec conviction (si personne ne les pose, qui permettra aux jeunes de mûrir leur foi et de l'inscrire dans une histoire et dans un avenir à construire ?) Pas de fausse timidité ! Osons prendre les jeunes au sérieux, proposons-leur de parler naturellement de leurs rêves, projets, choix de vie-surtout à une époque où l'âge de la Confirmation est retardé et où ce sacrement s'adresse de plus en plus à de grands adolescents (16-18 ans).

2) En informant

La vocation baptismale qui constitue le fondement de la vie chrétienne exige une mise en pratique qui se déploie de multiples manières: dans le mariage chrétien, le célibat consacré, la vie religieuse ou missionnaire, le sacerdoce. Peu de jeunes sont au clair sur ces différentes vocations spécifiques, ils n'en connaissent que l'une ou l'autre et bien souvent de façon caricaturale. Informer correctement quant à l'existence et la signification pour l'Église et le monde de ces nombreux choix de vie chrétienne possibles apparaît comme une urgence. Il faut sans doute veiller à le faire au bon moment, dans des conditions favorables (week-ends, retraite, intervention de témoins-) et surtout de manière simple et naturelle. Évitons de présenter les vocations spécifiques comme quelque chose d'exceptionnel, d'incongru, de difficile !

Des documents, affiches, tracts, montages, existent au Service des Vocations pour faciliter l'animation d'une telle séance d'information. N'hésitez pas à vous renseigner et à vous procurer le matériel nécessaire. Signalons aussi qu'en octobre prochain paraîtra une fiche "Vocations/Confirmation" que vous pourrez intégrer à votre parcours.

3) En interpellant

Informer ne suffit pas, il faut encore oser interpeller. Dans les différentes équipes, certains jeunes sont plus motivés que d'autres. Lorsque l'accompagnateur(trice) ou le curé "connaît ses troupes", il saura discerner la façon de mener ce travail d'interpellation. Certains groupes profiteront d'un temps fort ensemble, d'autres non. Souvent il sera utile d'inviter l'un ou l'autre jeune à un échange personnel, dans la discrétion et le respect de sa liberté. Parfois il sera souhaitable de le renvoyer, après un dialogue un peu approfondi à d'autres "lieux" où il pourra pousser plus loin la réflexion et la maturation d'un éventuel projet: temps fort, groupe de recherche, rencontre avec un responsable du SDV...

Être attentif aux jeunes qui en veulent ou en font plus, leur tendre la perche et les inviter à s'exprimer sur ce qui les habite, aller à la rencontre de leurs attentes profondes n'est pas du temps perdu. Trop d'occasions sont gaspillées, trop d'appels restent sans lendemain car, au moment où le jeune aurait eu besoin de se confier à quelqu'un, personne n'a pu ou su saisir la balle au bond. N'ayons pas peur de mal faire ou d'être trop téméraire; dans ce domaine, nous péchons plutôt par excès de timidité ou par manque de conviction et de courage. Si aujourd'hui on parle souvent de crise, ce n'est pas une crise de l'appel (Dieu est fidèle !), ni d'abord une crise de réponses (les jeunes sont généreux !), mais plus profondément une crise des médiations. Puissions-nous davantage prêter notre voix au Seigneur pour que la sienne puisse être entendue et toucher les cœurs de nombreux jeunes en manque de repères et de témoins.

Conviction, information, interpellation- ce ne sont pas des mots magiques, mais ils nous invitent tous à "y croire davantage" pour qu'un jour les pierres du chemin ne nous accusent pas d'avoir été des "chiens muets". La Confirmation est - entre autres - le sacrement de la responsabilité chrétienne. Ne nous dérobons pas à la nôtre et osons servir (sans prosélytisme) la liberté des jeunes qui nous sont confiés !

Abbé Christian KRATZ
Responsable de la Pastorale des Vocations

 
     
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Assises de la Confirmation - Eglise catholique d'Alsace