L'Eglise en Alsace n° 9 - septembre 1998
Ma découverte des particularités et des diversités, des richesses et des potentialités du Diocèse n'en est encore, j'en ai bien conscience, qu'à ses commencements. Et pourtant, au moment où je me dispose à entamer avec vous tous ce qui sera ma première année pastorale complète au service de notre Église d'Alsace, je ne me refuserai pas à esquisser les «orientations générales» expressément désirées voire carrément réclamées de plusieurs côtés.
Avant de formuler brièvement ci-après ces orientations, permettez-moi de préciser ce qui suit. D'une part, je ne les ai évidemment pas définies et élaborées tout seul: elles sont déjà le fruit de toute une collaboration, aux formes multiples d'ailleurs. D'autre part elles restent encore suffisamment larges dans leur formulation pour laisser place aux développements et précisions que sont appelés à leur apporter les conseils, groupes et commissions divers qui interviendront dans leur mise en application.
I. - Le jubilé
Une première orientation va maintenant pour nous quasiment de soi : préparer, comme et avec toute l'Église du Christ, la célébration du Jubilé qui marquera le deuxième millénaire de la naissance parmi nous du Seigneur et Sauveur Jésus.
Je le rappelle, l'année 1996-97 était consacrée au Christ, au baptême et à la foi, et l'année 1997-98, qui s'achève, à l'Esprit, à la confirmation et à l'espérance. Conformément au même schéma ternaire, celle qui est devant nous sera vouée, elle, au Père, à la pénitence/réconciliation et à la charité.
Le chemin ouvert par Jésus le Christ et sur lequel nous oriente et nous soutient l'Esprit, nous conduit vers un Dieu qui est Père. Son amour paternel est source de tout don et de tout pardon; il est aussi appel à tenir tout homme pour un frère, et donc à considérer l'amour comme notre «loi».
1. J'ai demandé au Père Louis-Marie CHAUVET, mon ex-collègue et toujours ami de l'Institut Catholique de Paris, d'animer une journée de réflexion sur les trois termes de la séquence qui nous est donc proposée pour 1998-99 : le Père, le pardon, la charité, et sur leur articulation tant théologique que pastorale. Pour faciliter la plus large participation possible, cette «journée» de réflexion est programmée à trois reprises, en trois lieux et dates différents :
- le lundi 16 novembre à Colmar (Cercle Saint-Martin),
- le jeudi 10 décembre à Mulhouse (Centre Sportif Régional),
- le vendredi 11 décembre à Haguenau (Foyer Saint-Nicolas).
J'invite instamment prêtres, diacres et coopérateurs pastoraux à participer, selon leur disponibilité respective, à l'une ou à l'autre de ces (identiques) journées auxquelles, je l'annonce, je serai moi-même intégralement présent. C'est en référence à elles, bien sûr, que nous poursuivrons, au-delà de ma lettre de janvier, notre réflexion sur notre pratique éthique du pardon et notre célébration sacramentelle de la réconciliation.
Je rappelle dès à présent l'habituelle session de Formation proposée au Mont Ste Odile du 8 au 10 février 1999
2. Quant aux laïcs qui voudront saisir la chance d'une réactivation de leur foi et de leur vie chrétiennes, des matériaux seront proposés et présentés, qu'ils pourraient travailler dans le cadre de regroupements divers, habituels ou constitués pour la circonstance.
a) D'un côté sera présenté le Dossier établi pour l'année 1998-99 par le diocèse de Nanterre dans la série «Les Avents de l'an 2000», déjà avantageusement connue à la faveur des années 1996-97 et 1997-98.
b) D'un autre côté, sur la lancée d'une réunion de travail que nous avons eue avec leurs responsables en juin dernier, les grands services pastoraux du Diocèse feront des propositions. Grâce à elles :
• au premier trimestre, dans la perspective de la célébration de l'Avent et de Noël, nous disposerons d'éléments de catéchèse et d'enseignement religieux sur le Dieu que notre foi appelle à reconnaître comme Père ;
• au deuxième trimestre, en préparation de la célébration de la Pâque rédemptrice du Seigneur et donc à travers tout le Carême, nous serons aidés pour notre participation spirituelle à la réconciliation en Christ et à la célébration sacramentelle de son pardon en Église ;
• au troisième trimestre, et cette fois dans l'Esprit du Temps pascal et de la Pentecôte, nous seront indiqués des chemins et des moyens de charité concrète et de solidarité vécue.
II. - Les jeunes
Nous avons évidemment tous la préoccupation des jeunes : combien de fois ne déplorons-nous pas, en particulier, les « décrochages » après 13 ou 15 ans ? Dans la ligne de l'événement et de l'expérience que furent les J.M.J., quoique avec les nécessaires transpositions, plusieurs manifestations sont prévues :
1. Cinq rassemblements « Salut l'an 2000 - Au Souffle de l'Esprit » sont en train de se préparer pour cet automne à travers tout le Diocèse:
- le dimanche 11 octobre à Matzenheim,
- le samedi 31 octobre à Colmar (Saint-André),
- le samedi 7 novembre à Walbourg,
- le dimanche 8 novembre à Strasbourg,
- le samedi 28 novembre à Mulhouse (Parc des Expositions).
Les confirmés et les confirmands y sont tout particulièrement invités. Je le dis comme je le pense : je suis heureux et fier du travail de préparation ainsi réalisé dans le groupe de coordination de la Pastorale des Jeunes auquel j'ai moi-même régulièrement pris part. Mon seul regret est que notre participation à l'Assemblée annuelle des Évêques à Lourdes nous empêcheront - hélas -, le Père Hégelé et moi-même, d'être présents aux rassemblements de Walbourg et de Strasbourg.
2. Courant 1999, et cette fois à l'échelle de l'ensemble du Diocèse, nous envisageons un unique grand rassemblement à Strasbourg. Il est d'ores et déjà programmé pour le 13 mai 1999, jour de l'Ascension du Seigneur. La Salle du Rhénus a été dûment retenue. Qu'on se le dise : Y’aura peut-être pas d'place pour tout l'monde !!
3. Tout cela est évidemment profilé sur l'horizon des J.M.J. de l'An 2000 à Rome, auxquelles les Jeunes sont déjà invités à se préparer ...
4. Il est bien entendu qu'en toutes ces opérations, notre objectif n'est pas de frapper un (plus ou moins !) «grand coup» ... qui risquerait bien d'être par la suite sans écho réel. Notre visée est, à la faveur du Jubilé, d'encourager et soutenir, mais aussi de développer et dynamiser ce qui se fait déjà en notre Diocèse dans le cadre habituel des mouvements et des paroisses, des services et des aumôneries.
Par ailleurs, nous n'entendons pas, fût-ce pour les privilégier, considérer les jeunes indépendamment du reste de l'Église ! Nous invitons fermement tous les chrétiens à les accueillir et les écouter, dans leur jeunesse (qui peut certes nous étonner voire nous déranger sur un point ou l'autre), comme une chance pour toute l'Église. Mais corrélativement, nous les convions eux-mêmes à ne pas se considérer comme fondés à revendiquer a priori un traitement de faveur ou d'exception, mais à se considérer comme responsables, pour leur part, de la jeunesse de l'Église que nous sommes avec eux.
III. - Les Structures de l'Église Diocésaine
Je regroupe en ce troisième et dernier point des indications qui concernent moins directement des objectifs pastoraux que des moyens de les mettre en œuvre - ce qui, bien sûr, n'est pas non plus sans importance.
1. Les Conseils
Le moment est venu de relancer et d'organiser la collaboration de l'ensemble du Conseil épiscopal (dont j'indique par ailleurs la composition) avec les trois Conseils spécialisés appelés à concourir à l'animation de la vie pastorale du Diocèse.
a) Le Conseil du presbytérium est maintenant renouvelé. Prometteuse, sa première session, qui n'a nécessairement pu être qu'une opération de lancement, s'est tenue les 18 et 19 mai derniers. La prochaine est prévue pour les 21 et 22 octobre prochains. Son ordre du jour sera mis au point par le Bureau le 23 septembre.
b) Le Conseil diocésain de la pastorale s'est réuni, en sa composition ancienne, le 16 mai. Nous avons à la fois évalué le travail accompli par lui jusqu'à maintenant, et préparé le renouvellement de ses membres. Son Bureau se réunira le 17 septembre. Renouvelé pour moitié, le Conseil lui-même tiendra session le 21 novembre.
c) Quant au Conseil diocésain des Affaires temporelles, je me suis engagé à le convoquer également durant l'année qui vient. Ses réflexions et propositions seront d'autant plus utiles que l'Économe diocésain signale que la situation financière du Diocèse mérite attention. Il sera donc indiqué de nous responsabiliser désormais davantage encore, tous ensemble, par rapport à elle. N.B. L'habituelle rencontre des doyens et des secrétaires de zone aura lieu au printemps prochain.
2. Les visites pastorales
Vous savez tous que j'ai sillonné l'Alsace en tous sens depuis mon ordination épiscopale à la fin de novembre. J'y ai certes gagné une meilleure connaissance et un plus grand amour de notre Diocèse. Mes passages ne s'apparentaient malgré tout que d'assez loin à ce qu'on appelle techniquement des "visites pastorales". Le moment est venu de m'y mettre !
a) Nous avons commencé à réfléchir à un calendrier et à une méthode: nous en reparlerons dans les différents Conseils.
b) D'ores et déjà, plusieurs points sont cependant clairs :
• Durant cette année 1998-1999, je ferai la visite pastorale en Alsace-Nord et en Moyenne Alsace, et Mgr Hégelé fera une visite dans la région Mulhousienne.
• Parmi toutes les autres questions habituellement abordées dans les conseils pastoraux, deux retiendront spécialement notre attention
- celle des regroupements/de la restructuration : quelles pourraient être leurs conditions et leurs modalités pour chaque zone ?
- celle des "nouveaux ministères" : quels laïcs seraient susceptibles de se voir confier, en collaboration bien sûr avec les prêtres, des tâches ecclésiales, et lesquelles ? Quelles dispositions seraient localement à prendre pour aller en ce sens ?
c) Ce n'est pas par hasard que nous porterons notre attention sur ces deux points. D'une part il n'échappe à personne qu'ils correspondent à des enjeux décisifs pour la vie de notre Église dans les années à venir.
D'autre part c'est un fait que le ministre de l'intérieur/ministre des Cultes nous a envoyé en 1997-98 un chargé de mission (que nous avons rencontré à plusieurs reprises) pour opérer certaines vérifications dans l'application des dispositions concordataires. Or, dans le cadre de cette mission :
• Nous nous sommes engagés à faire le point dans les cinq ans sur l'ensemble de la restructuration possible du Diocèse, étant entendu qu'à raison de trois zones par an, il nous faudra ce délai pour faire le tour de nos 14 zones pastorales;
• Nous avons posé la question de la prise en charge «concordataire» de «ministères laïcs» («vicaires laïcs» ou «coopérateurs paroissiaux») .
(Je précise que j'ai pu présenter cette question directement au Ministre lui-même, lors de l'entretien qu'il m'a accordé, ainsi qu'à Mgr Raffin, le 18 août dernier, à Paris).
3. Les Services
Nul ne peut méconnaître leur importance. Cela étant je me contenterai, pour l'instant, d'en dire ceci :
- Déjà en 1997-98, un certain nombre d'entre eux se sont présentés en Conseil épiscopal.
- Le débat sera à poursuivre avec eux et avec ceux d'entre eux qui n'ont pas encore été entendus. Il s'agira à la fois d'être mieux éclairés par eux sur les conditions concrètes d'exercice de leur mission, et de préciser avec eux les modalités optimales de leur articulation tant entre eux qu'avec l'ensemble de la pastorale diocésaine.
A tous, laïcs, religieuses, religieux, coopérateurs en pastorale, diacres et prêtres,
Bonne et heureuse Année pastorale 1998-99 !
+ Joseph DORÉ
Archevêque de Strasbourg